Prêtres mariés en Amazonie ?


Traduzione italiana qui

Dans son exhortation apostolique « Querida Amazonia », le pape François ne mentionne pas dans son rêve pour l’Eglise amazonienne l’éventuelle ordination sacerdotale de diacres mariés. Certains s’en réjouiront, d’autres (dont je suis) le regretteront, d’autant que, comme je l’ai noté dans le précédent article de ce blog, que ce silence pourrait sembler se fonder dans le texte sur une théologie du « sacerdoce » que le Concile Vatican II a rendu obsolète dans ses textes innovants (même si la théologie ancienne y affleure encore ici ou là, et si de respectables prélats s’y tiennent aujourd’hui envers et contre tout).

Il reste que la possibilité d’une telle ordination a été votée aux deux tiers par le Synode pour l’Amazonie, et que le pape François n’a certainement pas voulu annuler ce vote. Celui-ci demeure. C’est tellement vrai qu’une commission post-synodale a été élue pour poursuivre la réflexion, sur ce sujet et sur d’autres.

Je voudrais tout de même exprimer une crainte : combien de temps va-t-on prolonger cette réflexion ? Quels critères se donne-t-on pour y mettre un terme ? Comme je l’ai remarqué ailleurs à propos d’une décision de la conférence épiscopale d’Allemagne, un vote aux deux tiers est suffisant pour prendre une mesure et agir ; ce n’est que dans les régimes totalitaires qu’on arrive à des votes à 99% ! Ce vote signifiait donc que le Synode d’Amazonie, réuni dans le Saint-Esprit, envisageait comme possible et en certains cas souhaitable une telle ordination. Je ne pense pas que la prolongation de la discussion débouchera jamais sur l’unanimité. Le pape Paul VI désirait beaucoup que les textes du Concile soient votés à l’unanimité, et celle-ci a été acquise dans la plupart des cas. Mais ensuite, les divergences se sont à nouveau manifestées et il ne pouvait en être autrement ! Il faut donc agir, et on y est autorisé par la majorité aux deux tiers déjà acquise.

Pour ma part, j’en conclus que la balle est, dès maintenant ou dans un futur que j’espère proche, dans le camp des églises d’Amazonie et, concrètement, de ceux de leurs évêques qui avaient voté favorablement en faveur de cette ordination sacerdotale. D’ailleurs ce n’est pas parce qu’un feu vert aurait été explicitement donné dans « Querida Amazonia » que les problèmes concrets auraient été résolus. S’appuyant sur le texte du Synode et sur l’invitation du pape à veiller sur la question de l’Eucharistie, les églises et les évêques concernés peuvent, je dirais même doivent imaginer une procédure qui fasse aboutir la mesure. Je me permets de rappeler ce que j’avais écrit dans mon Petit essai sur le temps du pape François . J’avais noté que l’église particulière devrait être sensibilisée par des informations claires puis consultée, par le moyen des conseils, le pastoral et le presbytéral et même plus largement ; qu’il faudrait vérifier le charisme et l’idonéité de ou des personnes qu’on penserait ordonner ; qu’il ne faudrait pas faire de cette mission sacerdotale une fonction à plein temps (comme c’est le cas dans les Eglises d’Orient) ; que la décision devrait être ratifiée d’une manière ou de l’autre par la Conférence épiscopale du pays. Enfin, j’avais suggéré que le dossier une fois complet soit remis directement au pape lui-même afin qu’aucune instance intermédiaire ne mette des obstacles.

Il me semble que tout cela reste valide ou qu’on peut imaginer quelque chose d’équivalent. S’il est permis de rêver (à la suite de Martin Luther King, du cardinal Martini, du pape François !), je rêve que quelques églises d’Amazonie et leurs évêques mettent en mouvement le charisme prophétique qui ne manque jamais à l’Eglise, et démarrent sans attendre le processus d’ordination. Au Concile et à la génération suivante, il y a eu des évêques marquants en Amérique centrale ou latine ; des noms me viennent spontanément à l’esprit : Arns, Lorscheider, Helder Camara (Brésil), Silva Henriquez (Chili), Mc Grath et Romero (Panama et Salvador). Il est impossible qu’il n’y en ait point qui se lèvent maintenant.

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