Il Vangelo, durezza e dolcezza
«Con discernimento: si tratta, laddove siamo, di lasciarci dislocare. Ancora con discernimento: papa Francesco non è Gesù e noi non siamo obbligati ad approvare tutto ciò che egli dice e fa; abbiamo diritto al nostro proprio giudizio, ma se esercitiamo anche nei suoi confronti la misericordia, saremo – credo – più portati a seguirlo che a prendere le distanze dal suo cammino».
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L’Evangile, douceur et dureté.
Il peut arriver à un chrétien de se demander : si j’avais été en Palestine du temps de Jésus, comment me serais-je situé par rapport à lui ? Jésus avait toutes les nuances, tendres et actives, de la miséricorde que le Pape François rappelle aux numéros 7 à 9 de la Bulle Misericordiae Vultus. Mais il avait aussi une prédication exigeante, qui déclinait de toutes manières les Béatitudes, elles-mêmes modalités de l’unique commandement de l’amour : peu facile à mettre en œuvre ! De plus, très vite, on a pu percevoir que sa personne et son enseignement rencontraient de l’hostilité : on a pu entendre de lui des paroles dures et sur lui des paroles méchantes. Enfin, au travers de ce mélange étonnant de douceur, de sérieux et de violence, un Mystère se laissait pressentir et un Visage de Dieu se révélait, en continuité avec l’ancienne révélation, en rupture aussi à cause d’une réelle nouveauté.
Ce qui accrédite le Pape François aux yeux de beaucoup, ce qui le discrédite chez d’autres, ce sont peut-être ces aspects contrastés. Il y a l’enthousiasme des foules, le sourire constant, les enfants pris dans les bras, la familiarité qu’il accepte. Il y a le style de vie simplifié. Puis, il y a un enseignement à la fois ancien et nouveau dont on peut percevoir qu’il n’est autre chose que l’Evangile pour aujourd’hui ; mais pour cela il faut se laisser toucher au fond du cœur, et il se peut que cela résiste. Il y a aussi les réformes qu’il entreprend, nécessaires mais déconcertantes car elles regardent en définitive le trône et l’autel, à Rome et ailleurs. Il y a la miséricorde en ce qui concerne la sexualité, la dénonciation impitoyable de la mondanité : argent et pouvoir, en général mais aussi dans des espaces précis ; c’est peu agréable à entendre (que nous dira le Pape, s’il vient un jour en France ?). Mais, au travers de tout cela, le dur comme le doux, n’est-ce pas le Mystère du salut qui continue à luire et à se développer, le vrai visage de Dieu qui se fait connaître ?
Il me semble qu’il faut essayer, avec discernement certes, de prendre ensemble tous ces aspects et de vérifier nos propres comportements en fonction d’eux, sans juger les autres ni en parler mal (cf. Misericordiae Vultus, n° 14, à propos du véritable pèlerinage intérieur), nous réjouissant au contraire du souffle qui passe dans l’Eglise en ce moment, dans les communautés, dans les personnes, et bien au-delà du cercle des croyants. Avec discernement : il s’agit, là où nous sommes, de nous laisser déplacer. Avec discernement encore : le pape François n’est pas Jésus, nous ne sommes pas obligés de bénir tout ce qu’il dit et fait ; nous avons droit à notre propre jugement, mais, si nous exerçons à son endroit aussi la miséricorde, nous serons, je crois, davantage portés à le suivre qu’à nous écarter de son chemin.
En définitive, le pape François avait indiqué le programme dès sa première homélie le 14 Mars 2013, il y a exactement trois ans : marcher, édifier, confesser : « marcher en présence du Seigneur, avec la Croix du Seigneur, édifier l’Eglise sur le Sang du Seigneur qui est versé sur la Croix, confesser l’unique Gloire : le Christ crucifié ». Nous voyons un peu mieux aujourd’hui ce que cela implique concrètement, et nous n’en sommes peut-être qu’au début.